Alors que la France s'emploie à déployer à vitesse grand V les
Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) qu'elle a imposées à toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants, l'Allemagne, pays européen précurseur dans la mise en place des ZFE-m (Umweltzonen Outre-Rhin), enclenche la marche arrière depuis quelques années.
Dans la région de Bade-Wurtemberg frontalière de l'Alsace (et de l'Eurométropole de Strasbourg), 8 des 22 Umweltzonen du Land qui vont être supprimées au cours du printemps 2023 alors que la Zone à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) de l'Eurométropole de Strasbourg est entrée en vigueur au 1er janvier 2023.
Les Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) ont fait leur apparition dans la loi française tardivement il y a 4 ans.
Elles compliquent considérablement le quotidien de millions d'usagers de la route.
L'Allemagne, qui a mis en œuvre ses premières Umweltzonen dès
2008, songe à les supprimer en raison d'une amélioration constante de la qualité de l'air qui rend caduques les interdictions de circulation liées aux Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m).
Une qualité de l'air en constante amélioration à l'échelle européenneL'amélioration de la qualité de l'air à l'échelle européenne est factuelle. En 2021, l'Agence européenne pour l'Environnement (AEE) rapportait ainsi que, depuis 2000, les émissions des principaux polluants atmosphériques, notamment les oxydes d'azote (Nox) issus du transport, ont considérablement diminué, malgré une demande croissante en matière de mobilité (Qualité de l'air en Europe – Rapport 2020).
« Il est évident que cette amélioration est le fruit de multiples facteurs, estime Philippe Nozière, président de « 40 millions d'automobilistes
. En outre, aucune étude scientifique ne prouve que les ZFE en particulier ont eu un réel impact sur les émissions polluantes du transport routier. Il y a fort à parier que l'évolution aurait été la même en Europe sans la mise en œuvre de ces restrictions de circulation dans les grandes villes et que, pour le cas de l'Allemagne qui les abandonne progressivement, la qualité de l'air continuera à s'améliorer après la disparition des ZFE. C'est tout le paradoxe – et l'ineptie – à laquelle vont se confronter les autorités françaises », souligne le Président.
La Zone à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) est devenue une mesure obsolèteEn vertu de la réduction constante des polluants émis par le trafic routier, l'Allemagne considère depuis plusieurs années que les Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) n'ont plus de légitimité et donc plus lieu d'être.
Estimant que les interdictions de circulation prévues dans les Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) étaient désormais disproportionnées au regard de la situation environnementale, le ministère des Transports allemand a demandé dès 2021 aux
conseils régionaux d'étudier l'opportunité de supprimer purement et simplement les Umweltzonen.
« Nous sommes en 2023. L'Allemagne, qui figure parmi les pays qui ont le plus de recul par rapport à la politique ZFE, estime qu'elles sont désormais inutiles et les supprime donc progressivement. Parallèlement, la France – qui cherche toujours à imiter ses voisins européens mais qui a toujours un train de retard sur tout ! – veut généraliser les ZFE-m en 2025. Encore une fois, on est à contre-temps et on risque de le payer très cher socialement, économiquement et politiquement », alerte Pierre Chasseray, délégué général de « 40 millions d'automobilistes ».
Les Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) en France constituent une « bombe sociale à retardement »Au fur et à mesure que l'opinion publique prend connaissance de l'ampleur du dispositif et des conséquences des restrictions de circulation sur leur mobilité quotidienne, les automobilistes français s'opposent de plus en plus violemment à la mise en place des Les Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m).
« S'il est une mesure politique ces dernières années qui fait l'unanimité contre elle, c'est bien l'instauration des ZFE-m ! Plus le dispositif se déploie et plus des voix politiques de tous bords s'élèvent pour dénoncer l'injustice sociale de la mesure et la précipitation de sa mise en œuvre au regard de l'absence d'alternatives et d'aides pour les usagers visés par les interdictions. Rappelons qu'on parle de 50 % des véhicules qui ne pourront plus accéder à 43 agglomérations grandes ou moyennes (et donc à des services administratifs, de santé, aux loisirs, aux commerces…) dans moins de 2 ans ! En appliquant aveuglément le calendrier et la mesure tels qu'ils ont été promulgués, on s'expose à une crise sociale majeure : les interdictions permanentes de circulation ne peuvent être acceptées par ceux qu'elles visent et qui ont besoin de continuer à se déplacer. », analyse Philippe Nozière.
Source : 40 millions d'automobilistes
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