L'Union européenne a mis en place une
interdiction de la vente de véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035.
L'objectif?
Réduire à zéro les émissions du parc automobile.
La Cour des comptes européenne considère que l'intention est louable, mais que la route est jalonnée d'obstacles, qui devront être surmontés pour que cet objectif puisse être atteint.
L'Union européenne doit veiller à ce que sa souveraineté industrielle et ses citoyens ne paient pas ses ambitions au
prix fort.
La réduction, voire l'élimination des
émissions polluantes des voitures particulières est un élément essentiel de la stratégie climatique de l'Union européenne, l'objectif étant de parvenir à zéro émission nette en 2050.
Pour atteindre cet objectif, il faut travailler sur plusieurs axes: réduire les émissions de carbone des
voitures à moteur thermique, parvenir à une adoption massive des
véhicules électriques à batterie par le grand public et étudier les possibilités offertes par les
carburants alternatifs.
La Cour des comptes européenne a publié un rapport qui démontre que
les carburants alternatifs ne paraissent pas viables à grande échelle (à l'image des biocarburants).
Les carburants alternatifs, tels que les biocarburants, les carburants de synthèse ou l'hydrogène, sont souvent cités comme des successeurs potentiels de l'essence et du gazole.
Toutefois, dans leur rapport sur les biocarburants, les auditeurs de la Cour des comptes européenne ont mis en évidence l'absence d'une feuille de route précise et stable pour résoudre les problèmes à long terme du secteur: la quantité de carburant disponible, les coûts et le respect de l'environnement.
« Parce qu'ils ne sont pas disponibles sur une grande échelle, les biocarburants ne peuvent pas constituer une solution de rechange fiable et crédible pour faire le plein. » Nikolaos Milionis, Membre de la Cour des comptes européenne.
Premièrement, la
production intérieure de biomasse n'est pas suffisante pour que les biocarburants représentent une alternative sérieuse aux combustibles fossiles traditionnels. Le fait d'importer principalement cette biomasse de pays tiers va totalement à l'encontre de l'objectif d'autonomie stratégique dans le domaine de l'énergie. Dans la course aux matières premières, les biocarburants sont aussi en concurrence avec d'autres industries (notamment agroalimentaire, pharmaceutique et cosmétique).
Deuxièmement, les auditeurs de l'Union européenne ont conclu que les biocarburants ne sont
pas encore compétitifs sur le plan économique, en partie à cause de ces problèmes d'offre et de demande de biomasse. Force est de constater que les biocarburants sont tout simplement plus chers que les carburants fossiles. En outre, les prix des quotas d'émission sont actuellement inférieurs au
coût de la réduction des
émissions de CO2 obtenue grâce aux biocarburants, qui ne bénéficient d'ailleurs pas toujours d'une fiscalité avantageuse dans les pays de l'Union européenne.
Enfin, et surtout, les auditeurs ont constaté que
les avantages environnementaux des biocarburants étaient surestimés.
Les matières premières utilisées pour les produire peuvent participer à la destruction des écosystèmes et nuire à la biodiversité, à la qualité des sols et de l'eau, ce qui soulève inévitablement des questions éthiques sur les priorités relatives accordées à l'alimentation et aux carburants.
Source: Cour des comptes européenne. Rapport spécial 29/2023 de la Cour – « Aide de l'UE en faveur des biocarburants durables dans les transports – Une trajectoire imprécise ». Les données citées proviennent principalement de l'Observatoire européen des carburants alternatifs (EAFO), de l'ICCT (International Council on Clean Transportation) et de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).
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