La démonstration de la Ligue de Défense des Conducteurs contre la fin du moteur thermique en Europe en 2035
339 eurodéputés ont voté pour
la fin du moteur thermique en Europe en 2035 le 8 juin 2022.
La Ligue de Défense des Conducteurs s'insurge contre cette décision prônant la solution unique de l'électrique, prise sans mesurer ses conséquences sur la mobilité individuelle des Français au quotidien… pour un résultat écologique qui s'annonce dérisoire.
Plus qu'une étape pour que le vote imposant la fin des moteurs thermiques en 2035 soit entériné : une ultime validation qui incombera aux ministres de l'
Environnement des 27 pays de l'Union européenne, le 28 juin.
L'objectif est de réduire l'impact du transport
automobile sur les émissions de gaz à effet de serre.
Sauf que le résultat promet d'être anecdotique, tandis que cette décision radicale en faveur du tout électrique s'avère totalement déconnectée de la vraie vie, selon la Ligue de Défense des Conducteurs.
La démonstration de la Ligue de Défense des Conducteurs.
1/Une réduction des émissions de CO2 dérisoireSachant que 12 % des
émissions de CO2 sont engendrées par les
voitures particulières en Europe et que le marché automobile européen représente environ 18 % du marché mondial, la mesure concerne 18 % de 12 % des émissions mondiales de CO2, soit 2,16 %. Une vingtaine d'années étant nécessaire au parc pour se renouveler entièrement et une
voiture électrique n'étant écologiquement plus “vertueuse” qu'une
voiture thermique qu'à partir de 50 à 70 000 kilomètres (sa fabrication étant plus polluante), soit environ cinq ans d'utilisation, il faut donc partir de l'année 2035 visée par l'Europe, y ajouter ces cinq ans puis vingt ans, pour estimer que l'on aura, en 2060 donc, baissé de 2,16 % les émissions de CO2 au niveau mondial.
Cela signifie que chaque année, la réduction au niveau planétaire sera de l'ordre de 0,11 %, dont 0,015 % de contribution de la France. La Ligue de Défense des Conducteurs a volontairement simplifié ce calcul en imaginant que le parc ne s'électrifiera qu'à partir de 2035, alors qu'on peut supposer que de 1 % aujourd'hui, il sera passé à une proportion légèrement supérieure… Ce qui réduira d'autant « l'impact » de la mesure à compter de 2035.
2/Des ventes de voitures électriques sous respiration artificielleLa progression des ventes de voitures électriques est majoritairement artificielle. Malgré la richesse de l'offre (petites, familiales,
SUV de toutes tailles et même voitures de luxe, presque tous les constructeurs s'y sont mis), les seulement 12 % de parts de marché cette année ont sans aucun doute été principalement obtenus grâce aux 6 000 euros de prime gouvernementale pour les voitures de moins de 45 000 euros, une subvention pour le moins incitative. Reste à savoir si l'acheteur d'une
Renault Zoé, s'il avait fallu débourser 32 100 euros (contre 26 100 euros avec l'aide de l'État) n'aurait pas plutôt craqué pour un
Renault Arkana essence, le dernier SUV de la marque au losange, au tarif identique. Rappelons parallèlement qu'à partir du moment où il n'y aura plus que de l'électrique sur le marché, l'État n'aura plus à maintenir d'aide financière. Retour à la case départ.
3/Une dépendance chasse l'autreLes automobilistes européens vont devenir, pour leur mobilité individuelle, dépendants d'une seule énergie. C'est, stratégiquement et économiquement, un véritable piège, qui se refermera à terme sur les automobilistes européens. Rappelons déjà que, chaque hiver, les Français sont menacés de pénurie d'électricité dès le moindre coup de froid du fait du taux d'équipement des Français en chauffage électrique. Que se passera-t-il lorsqu'entre 18 heures et 20 heures, trente millions de voitures électriques seront mises à recharger au moment même où des millions de foyers allumeront leur chauffage électrique et leurs appareils électroménagers électriques?
À l'inévitable pénurie d'électricité, s'ajoute un paradoxe. Grâce à l'offre élargie des voitures électriques et le développement intelligent des modèles fonctionnant au gaz (il est presque impossible de faire le plein de gaz naturel en France), il serait devenu possible de ne plus dépendre que du pétrole, ni d'une énergie en particulier. Ce qui constituait un vrai progrès.
Les conducteurs seront au contraire, à terme, à la merci des hausses du
prix de l'électricité, sans plus aucune solution alternative.
Et cela aura bien sûr aussi une incidence sur la facture de leur
consommation domestique, qu'ils aient ou non une voiture.
Aujourd'hui, l'État perçoit plus de 40 milliards d'euros par an grâce aux taxes sur le carburant. Il est peut probable qu'un Etat endetté à 116,3% de son PIB (2 834,3 milliards d'euros en avril 2022) puisse se payer le luxe de s'en passer.
L'État devra reporter ces taxes sur le carburant et soyons assurés qu'un jour, sans doute pas si lointain, le prix du kilomètre parcouru sera au moins aussi cher en voiture électrique qu'il ne l'est actuellement avec une voiture thermique.
4/Un effet contre-productif à plusieurs titresIl est certain que sur les 88 % de personnes qui, aujourd'hui, n'achètent pas une voiture électrique, une partie (peut-être non négligeable) conservera le plus longtemps possible son modèle essence ou diesel, entrainant une chute des ventes de
voitures neuves et prolongeant la vie de véhicules plus polluants.
Les
véhicules électriques nécessitant moins d'entretien, c'est donc toute la filière automobile française qui va souffrir, avec des dizaines de milliers d'emplois qui vont disparaître à la clé.
Cette obligation du tout électrique ne prend pas non plus en compte l'éventuelle pénurie de matériaux dont l'exploitation va exploser.
Carlos Tavares, le patron de Stellantis (
Peugeot,
Citroën,
Opel,
Fiat,
Jeep…) évoque pourtant, déjà, un problème d'extraction de lithium dès… 2024 ! Parallèlement, cette aubaine ouvre un véritable boulevard aux constructeurs chinois : grâce à la volonté d'aider les voitures électriques, ceux-ci, dont les moteurs thermiques ne sont pas aux normes européennes, trouvent ici une belle porte d'entrée. MG, Aiways ou encore Link & Co n'auraient pas posé leurs roues en France sans les aides de l'État. Même la
Dacia Spring, best-seller actuel du marché électrique français, est fabriquée en Chine…
Les ministres européens de l'Environnement feront-ils appel au bon sens avant de rendre leur décision, afin que les Français ne se retrouvent pas prisonniers d'un diktat voté par 339 eurodéputés?
Ces 0,015 % d'émissions de CO2 en moins, à l'échelle de notre pays, peuvent certes apparaître comme un premier pas (un tout petit pas). Mais au prix de tellement de sacrifices et de contraintes qu'il semblerait plus raisonnable, selon la Ligue de Défense des Conducteurs et au vu du carnage qui se prépare sur les marchés
automobiles, que cette loi soit modifiée, éventuellement reportée, et s'ouvre au moins aux modèles hybrides.
Source : Ligue de Défense des Conducteurs
Précision complémentaire sur la démonstration de la Ligue de Défense des Conducteurs, il est vraisemblable que l'instauration des Zones à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m) poussent également de manière artificielle les automobilistes Français vers les véhicules électriques. Ce sera la seule solution pour rouler dans la ZFE du Grand Paris dès 2030. Et il est vraisemblable que la ZFE du Grand Paris ne restera pas très longtemps la seule ZFE à interdire la circulation aux véhicules thermiques.