Les
mesures de confinement liées à la crise sanitaire du Coronavirus ont
stoppé la production et le commerce automobile en France.
Les immatriculations quotidiennes en France se sont effondrées à un niveau proche de zéro dès après le début du confinement, ce qui était prévisible du fait des règles du confinement. Avec les concessions fermées et les règles de confinement,
le marché est tout simplement à l'arrêt.
Entre le 18 (lendemain du début de confinement) et le 30 mars, il s'est immatriculé en moyenne
312 voitures neuves par jour ouvré contre 10 518 en moyenne sur le mois de mars 2019.
Du 1er au 30 mars 2020, le marché a
chuté de plus de 72% par rapport à la même période 2019. La chute est généralisée à tous les canaux avec des pertes de plus de 75% côté particuliers, 61% pour les entreprises et 71% pour les loueurs courte durée.
Depuis le début de l'année, le marché total a
reculé de 34%.
Comment évoluera le marché automobile français à l'issue du confinement ?
La prévision est dans ce domaine un art extrêmement difficile. Au-delà de l'aspect
statistique et économétrique de la question, il convient d'intégrer un aspect
psychologique.
Et surtout de ne pas oublier que rien ne sera plus comme avant.
Les Français prennent conscience tous les jours depuis deux semaines de la fragilité intrinsèque de l'espèce humaine, un petit virus venu de Chine est capable de contaminer des centaines de milliers d'humains sur l'ensemble de la planète, et des fragilités, vulnérabilités et failles de l'Etat protecteur: l'Etat ne peut pas tout.
Et dans ce contexte de crise sanitaire et de crise économique à venir, nul ne peut prévoir réellement le
contexte psychologique de la population et le
niveau de l'épargne de précaution que les Français vont mettre en place à l'issue de la crise sanitaire.
Une seule chose est sûre: les achats de précaution des particuliers, des entreprises, des collectivités territoriales, des administrations et de l'Etat, à l'issue du Coronavirus, de masques, de gants et de respirateurs vont exploser.
Le cabinet de conseil en marketing d'anticipation fondé sur les data sciences C-Ways et sa filiale automobile Autoways, licenciée du SIV, ont réalisé
plusieurs simulations d'évolution du marché fondées sur diverses hypothèses de scénario macro-économique 2020.
Le marché automobile neuf évolue en fonction de différentes variables au nombre desquelles principalement des
indicateurs de contexte macro-économique (l'emploi, les revenus, les taux d'intérêt...).
D'autres facteurs exogènes influent sur le marché automobile:
- Les
forces de rappel, ou effets d'écho des besoins de renouvellement des véhicules. Cette force de rappel à tendance à se moduler en fonction du contexte macro-économique. On fait durer les
voitures et on repousse leur renouvellement quand la situation ou les anticipations économiques se dégradent.
- Des
effets extérieurs comme des chocs fiscaux (variation de TVA) ou des mesures de soutien type primes à la casse influent aussi sur le marché automobile.
Un mois d'activité perdu représente mathématiquement 8% d'un année, deux mois 16%, tout en sachant que les mois ne sont pas tous équivalents. Les mois actuellement perdus (mars, avril, mai) sont des mois plus importants que les mois de juillet et août.
Certaines activités de flux seront perdues et non rattrapées: restaurants, spectacles, cinémas, théâtres, publicités...).
Certaines dépenses et la production de stock (
équipements, habitat ...) pourraient être
en partie reportées et rattrapées.
Certaines dépenses seront intégralement reportées (
contrôle technique automobile).
Certaines dépenses ne sont pas impactées (énergie,
assurance,....).
Une
épargne contrainte correspondant aux dépenses non réalisées va apparaitre. Elle pourrait être réinjectée dans la
consommation.
Mais les
perspectives assombries et les pertes de revenus (chômage partiel, licenciements...) pourraient transformer cette épargne contrainte en épargne de précaution.
La propension des ménages français à épargner est naturellement élevée en période normale.
Une
récession marquée est inéluctable.
L'Insee estime qu'
un mois de confinement se traduirait par une perte de PIB de 3% et de 6% si le confinement dure deux mois.
Le Haut Conseil des Finances Publiques et la plupart des économistes et banques d'affaires misent sur
un recul de l'ordre du PIB de 5% (
soit 121 millions d'euros).
Autoways travaille avec une
hypothèse optimiste de levée de confinement fin avril (l'épidémiologiste référent en Angleterre considère optimiste une fin de confinement fin mai et probable début juin) qui ne signifie pas un retour exact à la normale dès le mois de mai.
Le pic épidémique aura probablement été atteint, mais
les risques sanitaires perdureront et entraîneront le maintien de restrictions sanitaires (interdictions de regroupements confinés, de manifestations évènementielles...).
Un
« retour à la normale » est donc
envisagé en juin / juillet du côté des mesures de luttes contre la propagation du Coronavirus actuellement en vigueur.
De nouveaux épisodes de confinement liés à une ou plusieurs répliques épidémiques ne sont pas pris en compte.
La demande automobile ne devrait pas reprendre intensément à l'issue du confinement.
Les
pertes de revenu et de confiance, l'
inquiétude sur la situation économique et le
risque sanitaire latent impliqueront un certain attentisme, des reports voire des renonciations à l'acquisition de voitures.
La
mise en place d'une prime au renouvellement est probable d'ici l'été.
Avec une récession comprise entre moins 3% et moins 7% le marché automobile
reculerait d'après les élasticités observées empiriquement par Autoways de 10 à 22%.
Cette chute serait plus marquée pour les particuliers avec une baisse de 22% à 33%. Cette estimation nous semble optimiste étant donné la succession de primes à l'
achat de véhicules depuis plusieurs années. Comme dit le proverbe:
"On ne saurait faire boire un âne s'il n'a pas soif".
Selon Autoways, le marché des sociétés résisterait mieux (de 0 à 14% de baisse) et limiterait le recul total du marché. Cette estimation nous semble excessivement optimiste étant donné la situation des entreprises en France à date (recours au chômage partiel pour près de 3 millions de salariés et à des prêts de trésorerie pendant la durée du confinement).
En formant l'hypothèse d'un recul du PIB de 6 à 7% en 2020, Autoways projette une chute du marché total allant jusque 22% portant les volumes à un
niveau proche de 1,7 million pour le marché total.
Cette
estimation nous semble excessivement optimiste. Au-delà de la surestimation de la demande des particuliers et des entreprises, elle n'intègre pas la tendance à la baisse du marché automobile observée depuis plusieurs mois et les immatriculations tactiques réalisées au mois de décembre 2019.
Sources : C-Ways, Autoways, SIV et INSEE