Depuis plusieurs années,
les constructeurs et les loueurs automobiles s'accordent sur un niveau élevé de valeurs résiduelles pour les véhicules électriques.
Ce niveau élevé de la valeur résiduelle des véhicules électriques
permet de minorer le loyer des véhicules électriques dans le cadre des locations avec option d'achat (LOA) et des locations longue durée (LLD).
Cette surestimation de la valeur résiduelle vise à
obtenir (artificiellement) une parité des loyers entre véhicules électriques et véhicules thermiques.
La surestimation est orchestrée alors que
de nombreux facteurs naturels intrinsèques à la mobilité électrique militent pour des valeurs résiduelles basses inférieures à celles des voitures à motorisation thermique:
- le
prix de vente d'un
véhicule électrique est significativement supérieur à celui d'un véhicule thermique du fait du
coût de la batterie haute tension,
- les
caractéristiques techniques intrinsèques de la batterie haute tension se dégradent avec le temps,
- la batterie haute tension est garantit à 70% de sa capacité durant 8 ans uniquement,
- le coût du remplacement d'une batterie haute tension est prohibitif,
- le marché de la
voiture électrique est totalement subventionné en France depuis plus de 10 ans par l'intermédiaire d'un
bonus écologique à l'achat,
- une
voiture électrique d'occasion dotée d'une batterie dont la capacité restante est inférieure à 80% ne vaut économiquement plus grand chose
- la vitesse de la dégradation des capacités d'une batterie n'est pas connue
- une voiture électrique dotée d'une batterie dont la capacité restante est inférieure à 70% n'est plus utilisable sur la route du fait d'une autonomie insuffisante
L'
étude conduite par Autovista et Roland Berger en 2024 (Managing residual value risk for battery electric vehicles)
met en évidence la chute des valeurs résiduelles des véhicules électriques. L'étude remet totalement en cause le scénario (artificiel) en faveur de la voiture électrique basé sur une parité des loyers entre véhicules électriques et véhicules thermiques.
Depuis plusieurs années, nous interrogeons régulièrement les loueurs automobiles sur les prévisions de valeurs résiduelles de véhicules électriques qui nous semblent beaucoup trop optimistes.
Aucun élément justificatif de ces valeurs résiduelles surestimées par les loueurs automobiles ne nous a été transmis.
Fin 2021, nous avions alerté sur le fait que
les véhicules électriques ne tenaient pas la cote sur le marché de l'occasion.
L'étude Autovista et Roland Berger (Managing residual value risk for battery electric vehicles) a été conduite en 2024 sur les trois principaux marchés automobiles européens (Allemagne, Italie et Royaume-Uni).
L'étude montre
des valeurs résiduelles de véhicules électriques bien plus faibles que celles des véhicules thermiques.
De surcroit, l'étude fait état d'un
décrochage significatif et durable depuis l'année 2022.
La valeur résiduelle basse des véhicules électriques est la résultante d'un ensemble de facteurs dont les conséquences sont sous-estimées:
- les véhicules électriques
sont significativement plus chers à l'achat que les véhicules thermiques.
- le marché du véhicule électrique neuf (15% du marché environ) est purement artificiel car uniquement poussé par
une réglementation contraignante sur l'offre (réglementation CAFE / Corporate Average Fuel Economy), la
demande (bonus écologique, obligations d'électrification des parcs automobiles imposées aux entreprises et aux administrations publiques) et l'
usage du véhicule (interdictions de circulation des véhicules à motorisations thermiques dans les ZFE-m / Zones à Faible Emission mobilité).
- le réel appétit de la clientèle des particuliers pour le véhicule électrique est
faible (moins de 5% du marché).
- la
dégradation avec le temps des caractéristiques techniques intrinsèques de la batterie haute tension jusqu'à devenir inutilisable lorsque la capacité passe sous les 70%,
- l'
extrême rapidité de l'évolution des technologies qui ne cadre pas avec la durée de vie des
voitures électriques produites en série pendant environ 8 ans
- l'
obsolescence technologique de la voiture électrique au bout de quelques années réduit la capacité d'une voiture électrique à changer plusieurs fois de propriétaires en
occasion.
La rapidité de l'évolution des technologies est le facteur le plus impactant sur les valeurs résiduelles des voitures électriques.
Ce n'est ni la diminution annoncée des aides financières à l'achat, ni le développement d'une infrastructure de recharge en itinérance (largement sous-utilisée à hauteur de 15 recharges par mois par point de recharge en itinérance).
La rapidité de l'évolution technologique impacte directement et significativement le coût de production de la voiture électrique, donc son prix de vente.
De plus, en quelques années, une voiture électrique devient obsolète. Donc sa valeur sur le marché de l'occasion diminue. Un véhicule électrique peut même devenir invendable dès lors que la capacité de sa batterie haute tension se rapproche du seuil des 70%.
Alors qu'un véhicule thermique connait plusieurs propriétaires durant une vingtaine d'années, le véhicule électrique affiche une dégradation régulière des
performances de sa batterie haute tension au cours de son utilisation. Par conséquence, le véhicule électrique aura une « durée de vie » beaucoup plus courte que le véhicule thermique.
Le progrès permanent de la technologie électrique touche tous les domaines de la mobilité électrique de manière spectaculaire (type de batterie, autonomie, temps de charge, taille de batterie, technologie de recharge, etc.).
Les progrès technologiques majeurs rendent rapidement obsolètes sur le marché de l'occasion le véhicule électrique de génération précédente vendu de surcroit à un tarif supérieur.
Et des progrès technologiques majeurs sont en préparation dans les prochaines années (batterie solide, recharge par induction, architecture 800V).
Pris individuellement, ils rendent presque invendables en occasion les véhicules électriques actuellement en circulation.
Qui achètera dans dix ans un véhicule électrique d'occasion offrant 300 kilomètres d'autonomie quand un véhicule électrique neuf affichera plus de 600 kilomètres?
Qui achètera dans dix ans un véhicule électrique à
batterie lithium-ion d'occasion quand un véhicule électrique neuf sera doté d'une batterie solide offrant une plus grande autonomie, des temps de recharge plus courts et une plus grande durabilité?
Qui achètera dans dix ans un véhicule électrique d'occasion nécessitant de se brancher à une borne de recharge quand un véhicule électrique neuf se rechargera seul par induction sans aucune intervention du conducteur?
Qui achètera dans dix ans un véhicule électrique d'occasion n'acceptant pas la recharge rapide quand un véhicule électrique neuf doté d'une architecture 800V se rechargera en une dizaine de minutes?
La baisse significative des valeurs résiduelles des véhicules électriques a plusieurs conséquences.
A court terme, elle met en
grandes difficultés financières les réseaux de marques tenus d'assurer le retour des véhicules électriques en fin de location avec option d'achat (LOA) ou de location longue durée (LLD).
Entre la surestimation artificielle des valeurs résiduelles des véhicules électriques des constructeurs et des loueurs automobiles et la récente baisse du prix des véhicules électriques neufs (liée à une surestimation des prix), la perte financière peut représenter plusieurs milliers d'euros par véhicule électrique pour un distributeur.
Les particuliers qui ont acheté un véhicule électrique sans financement de type location avec option d'achat (LOA) ou location longue durée (LLD) subissent la perte financière à la revente de la voiture électrique.
A moyen terme, la perte de valeur résiduelle va contraindre les constructeurs automobiles a plus de précision dans l'établissement des valeurs résiduelles des véhicules électriques et donc a augmenter le montant des loyers des véhicules électriques.
La parité réelle des loyers entre les véhicules électriques et les véhicules thermiques n'est pas pour demain.
Source : étude conduite par Autovista et Roland Berger en 2024 (Managing residual value risk for battery electric vehicles)