L'industrie
automobile européenne est-elle prête à affronter la concurrence chinoise concernant la transition vers les
véhicules électriques ?
Dans leur dernière étude sur l'industrie automobile, les experts Allianz Trade se sont penchés sur la question.
Et visiblement,
le retard accumulé sur la Chine sur vers les véhicules électriques est (trop) conséquent.
La transition vers les véhicules électriques à batterie sur le marché européen rebat totalement les cartes de l'industrie automobile européenne.
Ce n'est pas nouveau.
Les constructeurs
automobiles ont dénoncé cette situation avant que les politiques ne décident d'interdire la vente des véhicules à motorisations thermiques à compter de 2035 sur le marché européen.
Avant cela, les politiques Français avaient acté de la fin de la vente des véhicules à motorisations thermiques à compter de 2040 sur le marché automobile Français.
Et visiblement, ces décisions politiques ont été prises sans en mesurer toutes les conséquences sur la filière automobile européenne et sur l'économie européenne.
Les ventes de véhicules à énergie alternative en Europe ont atteint un niveau record de 4,4 millions d'unités en 2022, soit près de la moitié des immatriculations de véhicules neufs sur le marché européen.
Les véhicules électriques à batterie mènent la danse, avec des ventes en croissance de 28%, et représentant 12% des immatriculations de véhicules neufs en 2022.
« A l'approche de la disparition des véhicules à moteurs thermiques, prévue pour 2035, le secteur automobile européen entame un virage décisif. Il doit repenser ses chaînes logistiques, depuis le choix des fournisseurs à l'évolution des besoins des consommateurs, tout en faisant face à l'arrivée de nouveaux concurrents sur le marché et au développement de nouveaux moyens de transports. Mais à l'heure actuelle, le plus grand risque pour l'industrie automobile européenne provient de Chine », explique Aurélien Duthoit, analyste sectoriel chez Allianz Trade.
La Chine a identifié le potentiel des véhicules électriques il y a maintenant plus de 15 ans.
La Chine a investi des moyens considérables pour mettre sur pied un écosystème compétitif autour de la
voiture électrique.
La Chine est leader du marché des véhicules électriques : en 2022, elle a vendu plus du double de véhicules à batteries électriques que les Etats-Unis et l'Europe réunis.
Contrairement aux idées reçues, le premier constructeur automobile mondial de véhicules électriques n'est pas Tesla mais Byd, un constructeur automobile chinois spécialiste de la batterie haute tension pour véhicules électriques.
La Chine détient également un avantage compétitif sur ses concurrents à quasiment tous les étages de la chaîne de valeur du
véhicule électrique.
Une situation qui ne simplifiera pas, loin de là, la transition électrique (forcée par le politique) des constructeurs automobiles européens.
« En Chine, 80% des ventes de véhicules électriques sont effectuées par des marques chinoises. Entre 2020 et 2022, ces dernières ont d'ailleurs vu leur part de marché domestique augmenter d'environ plus10 points. Dans le même temps, la balance commerciale automobile chinoise est passée d'un déficit de moins 31 Mds USD à un excédent de plus 7 Mds USD. Si on se penche sur le marché européen, en 2022, 3 des véhicules électriques qui se sont vendus le mieux ont été importés depuis la Chine. Le risque pour l'industrie automobile européenne est donc double : d'une part, un recul des parts de marchés sur le marché chinois, de l'autre, un remplacement des véhicules à moteurs thermiques assemblés en Europe par des véhicules électriques importés de Chine », détaille Aurélien Duthoit.
Selon les experts Allianz Trade, la concurrence des véhicules électriques chinois pourrait coûter 24 Mds EUR par an au secteur automobile européen d'ici 2030.
Cette somme astronomique s'ajoute aux investissements pharaoniques réalisés par les constructeurs automobiles européens dans les véhicules électriques, des dizaines de milliards d'euros.
Les constructeurs automobiles européens pourraient perdre plus de 7 Mds EUR de résultat net chaque année d'ici 2030 du fait du recul de leurs parts de marché en Chine.
« Si les constructeurs chinois parvenaient à faire croître leur part de marché domestique à 75% d'ici 2030, cela générera un recul des ventes européennes en Chine de moins 39%, ce qui est conséquent. Dans le même temps, si les véhicules importés de Chine s'arrogeaient 10% du marché européen d'ici 2030, cela générerait un manque à gagner de moins 24,2 Mds EUR pour l'industrie automobile européenne, sans compter les effets en cascade pour les industries sous-traitantes de l'automobile. Afin d'atténuer cet impact, les autorités européennes pourraient être tentées d'intervenir en renégociant les traités commerciaux avec les Etats-Unis et la Chine, en développant les infrastructures de recharge pour démocratiser l'accès aux VBE (véhicules électriques à batterie), voire en encourageant les constructeurs chinois à s'implanter industriellement en Europe », conclut Aurélien Duthoit.
Cette situation pourrait coûter extrêmement cher à l'industrie automobile européenne.
Certains constructeurs automobiles européens pourraient disparaitre ou passer sous pavillon chinois.
Dans ce domaine,
Renault est en train de céder toute son activité automobile historique autour de la
voiture thermique au constructeur automobile chinois Geely dans le cadre d'une co-entreprise.
L'activité automobile du constructeur automobile espagnol
Seat devrait s'arrêter à l'horizon 2030. La marque Seat prépare le renouvellement de ses modèles
Ibiza,
Arona et
Leon afin de continuer à proposer des
voitures hybrides rechargeables et dotées de motorisations thermiques efficientes jusqu'à la fin de la décennie. A partir de 2030, Seat se concentrera sur la micromobilité, le partage et les solutions d'abonnement.
La concurrence chinoise sur les véhicules électriques constitue une menace pour l'industrie automobile européenne et pour l'emploi en Europe.
Source: étude Allianz Research The Chinese challenge to the European automotive industry 9 mai 2023
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