Les constructeurs
automobiles affichent une volonté unanime et croissante à faire évoluer le design avec l'adoption de
systèmes d'éclairage sur les faces avant et arrière des véhicules.
Eclairage à technologie LED ceinturant les pare-chocs,
rétro-éclairage de l'emblème de la marque incluant la calandre.
La prolifération de ces systèmes d'éclairage est souvent l'apanage des constructeurs
automobile chinois. Les marques chinoises jouent un rôle important dans cette dynamique, mais sont, pour la plupart, peu diffusées sur le marché européen à l'heure actuelle.
Suivant la même démarche, les équipementiers et certains constructeurs vont même jusqu'à introniser des façades digitales se comportant comme de véritables systèmes d'affichage capable de diffuser des informations visuelles dans l'
environnement frontal et arrière du véhicule. Parfaitement finalisées dans la conception, actuellement ces technologies sont installées uniquement sur des prototypes . Elles appartiennent au domaine expérimental, et devront faire l'objet d'une homologation avant peut-être obtenir l'approbation du public.
En attendant, la majorité des constructeurs automobiles ont déjà intégré des signatures lumineuses plus ou moins marquées dans la conception de leurs modèles.
Les
équipements d'éclairage sont par nature vulnérables et souvent impactés dans les sinistres.
Selon un étude récente du SRA, le
coût de remplacement d'un quelconque système d'éclairage peut prendre des proportions considérables.
UN PEU D'HISTOIRE SUR LES OPTIQUES DE PHARELes phares de
voitures ont connu une évolution remarquable depuis leur apparition à la fin du XIXe siècle.
Les premières automobiles étaient équipées de simples lampes à acétylène, utilisées en raison de la faible intensité des sources lumineuses disponibles. Ces dispositifs étaient peu fiables, peu puissants, et exigeaient un allumage manuel.
Années 1920-1930 : L'arrivée des phares électriques
L'introduction de l'électricité dans les voitures a marqué une première révolution. Les phares à incandescence, avec des ampoules à filament, ont offert un éclairage plus constant et une meilleure visibilité. Ces systèmes, bien que plus efficaces que les lampes à acétylène, étaient encore faibles, et leur portée restait limitée.
Années 1960 : Halogène, une révolution dans la luminosité
Dans les années 1960, les phares halogènes font leur apparition. Ces ampoules utilisaient un mélange de gaz halogène pour prolonger la durée de vie du filament et augmenter la luminosité. Cela a permis d'obtenir une lumière plus blanche et plus puissante, améliorant la visibilité nocturne et réduisant les risques d'accidents la nuit. Les phares halogènes sont rapidement devenus le standard mondial pendant plusieurs décennies.
Années 1990-2000 : L'avènement du xénon (HID)
Avec l'évolution de la technologie, les phares au xénon (ou HID - High-Intensity Discharge) ont fait leur entrée dans les années 1990. Utilisant du gaz xénon à la place d'un filament, ces phares produisaient une lumière plus intense et plus proche de celle du jour, améliorant considérablement la visibilité nocturne. De plus, les phares au xénon avaient une durée de vie plus longue que les halogènes, mais étaient plus coûteux et parfois jugés éblouissants pour les autres
conducteurs.
Années 2010 : LED, économie et design
Les diodes électroluminescentes (LED) ont commencé à se répandre dans l'industrie automobile au début des années 2010. Cette technologie, plus efficiente énergétiquement, permet une plus grande liberté de design, les phares étant plus compacts et modulables. Les LED offrent également une longue durée de vie et consomment moins d'énergie que les autres systèmes d'éclairage. Les LED sont devenues un choix populaire non seulement pour les
performances, mais aussi pour leur esthétique et la possibilité de créer des signatures lumineuses distinctives.
L'AVENIR DES PHARES DE VOITURESL'évolution des phares de voitures ne s'arrête pas là. Avec les progrès dans les systèmes de
conduite autonome, les phares pourraient devenir encore plus intelligents, s'intégrant aux systèmes de sécurité pour anticiper les obstacles ou s'adapter à des conditions de route spécifiques. L'innovation se dirige également vers une meilleure efficacité énergétique, dans un contexte de
voitures électriques, et vers des technologies comme l'éclairage OLED (Organic Light-Emitting Diode), qui promettent une plus grande souplesse et une meilleure répartition de la lumière.
L'histoire des phares automobiles est marquée par des avancées technologiques visant à améliorer la sécurité et le confort des conducteurs, tout en s'adaptant aux enjeux énergétiques et esthétiques du moment.
Aujourd'hui : Les phares laser et à matrice
Les phares laser, introduits dans les modèles supérieurs, représentent une nouvelle avancée. Ils peuvent éclairer à des distances allant jusqu'à 600 mètres, soit deux fois plus que les LED, tout en étant extrêmement compacts. Cependant, leur coût élevé les limite encore à des véhicules premium.
Les phares à matrice LED (ou phares intelligents) sont une autre innovation récente. Ces systèmes d'éclairage utilisent des capteurs pour ajuster automatiquement le faisceau lumineux en fonction de la circulation, évitant d'éblouir les autres conducteurs tout en maximisant la visibilité pour le conducteur. Cette technologie représente un pas vers une conduite plus sûre et plus confortable.
IMPACT ÉCONOMIQUEDu fait de leur emplacement et de leur dimensionnement les optiques de phare et les feux de jour sont particulièrement exposés aux détériorations en cas de choc de la circulation.
Leur conception en plastique moulé, la technologie intégrée et le type de dommages limitent leur taux de réparabilité. 91 % des optiques endommagés dans les sinistres de collision de 2023 ont été remplacés
La réparation des optiques de phare et des feux est limitée :
- Ponçage, lustrage et vernissage de la « vitre »
- Collage ou soudure de patte de fixation
- Réparation du cuvelage
- Remplacement de patte de fixation phare (offre très limitée)
Certains constructeurs interdisent la réparation des optiques LED de nouvelles générations, éléments qui présentent des tarifs de vente nettement supérieurs aux précédentes générations.
La famille des optiques présente la charge financière la plus importante dans les réparations des sinistres.
Actuellement 76 % des véhicules sinistrés ont un âge moyen de plus de 4 ans dont 45 % de plus de 8 ans. Il y a une corrélation entre l'âge moyen du véhicule et le coût moyen des optiques : plus le véhicule est récent plus le coût est élevé. Ces augmentations résultent de la complexité technologique et de conception des dernières générations d'optiques.
Des exemples de tarifs (Source : étude SRA d'avril 2024 / Montants TTC) :Citroën C3 IIIOptiques : 522 € (2)
Feux de jour : 353 € (2)
Cupra FormentorFeux d'ailes : 272 € (2)
Bandeau de hayon : 1 000 €
Renault Mégane VOptiques : 1 249 € (2)
Feux de jour : 221 € (2)
Peugeot 208 IIOptiques : 742 € (2)
Feux de jour : 330 € (gauche) - 345 € (droite)
Hyundai Tucson IVOptiques : 753 € (gauche) 981 € (droite)
Feux de jour : 2077 € (2)
Audi Q3 IIIOptiques : 2 196 € (2)
Ford PumaOptiques : 497 € (gauche) - 452 € (droite)
Kia EV6Feux d'ailes : 955 € (2)
Feux latéraux : 178 € (2)
Feux inférieurs : 2 092 € (2)
Bandeau de hayon : 2 447 €
Avec les évolutions du parc circulant, la part des véhicules présentant actuellement les coûts moyens des optiques les plus élevés augmentera significativement, impactant ainsi automatiquement le coût moyen de la famille des optiques et donc de la réparation et cela indépendamment des variations des tarifs de pièces.
Les optiques présentent un
coût économique important et en
très forte hausse.
RÉEMPLOI DES OPTIQUESLa famille des optiques de phares présente le taux de réemploi le plus faible des 9 pièces principalement endommagées dans les sinistres de collision (optiques avant : 4,5%). Ce faible taux d'utilisation peut s'expliquer par :
- Une offre insuffisante en pièces de réemploi ou reconditionnées
- L'obligation de l'acceptation du propriétaire du véhicule
- L'impact pour le réparateur sur son organisation
- L'impact pour le réparateur sur son ses marges
Part des pièces de réemploi par famille de pièces :Optique avant: 4,9%
Bouclier avant: 5,6%
Bouclier arrière: 7,8%
Capot: 9,4%
Aile avant: 11%
Feux arrière: 13,5%
Porte avant: 16,3%
Hayon arrière: 18,1%
Portes arrière: 24,5%
IMPACT ÉCOLOGIQUEL'empreinte carbone des optiques de phare résulte de leur conception comptant différents matériaux et du lieu de fabrication.
A titre d'exemple, une optique de
Mercedes EQA 250 AMG Line de 2021 représente une masse de 5 kg et une émission carbone de 48,7 kg CO2e (Source: CarbonRisk Intelligence). 89 % des émissions de ce modèle résultent de l'extraction des matériaux, 9 % de la production et 2 % des transports.
Une étude similaire pour un optique d'une Aiways U5, d'un poids de 4,9 kg, indique une émission de 55,7 Kg CO2e. L'écart entre les deux résulte principalement des variations liées au pays de production (fabrication en Europe de l'optique de phare d'une
Mercedes EQA 250 AMG Line / fabrication en Chine de l'optique de phare d'une Aiways U5).
Les plastiques et l'aluminium représentent les parts les plus importantes du poids mais également de l'empreinte carbone suivi des composants électroniques. Ces derniers présentent la particularité d'une part de leurs empreintes carbone nettement supérieures à leurs parts dans le poids des optiques. Les optiques, éléments composés de plus en plus de technologies électroniques présenteront donc des empreintes carbone de plus en plus importantes.
Le développement d'une offre circulaire permettrait de réduire le poids des extractions.
Les faibles taux de réparation des optiques de phare et d'utilisation de pièces de réemploi, nécessitent une utilisation quasi systématique d'élément neuf lors des sinistres de collision.
En 2023, ce sont plus de 300 000 optiques de phare qui ont été remplacés pour la réparation des sinistres de collision, hors bris de glace. Après des échanges avec les entreprises Eco Repair Score et CarbonRisk Intelligence, SRA considère que le remplacement d'un optique LED pour un véhicule récent génère en moyenne une émission d'au moins 45 kg de CO2e (entre 25 et 30 kg de CO2e pour un halogène).
Ainsi, le remplacement des optiques de technologie LED (300 000 optiques LED remplacés) dans la réparation des sinistres de collision générerait à termes plus de 13
500 tonnes de CO2e, soit une augmentation de 50 % de l'empreinte carbone par rapport aux optiques halogènes.
Cela représente :
7 627 d'aller/retour Paris – New York en avion
3 millions d'aller/retour Paris – Marseille en TGV
1,8 million de repas avec du bœuf
62 millions de km en
voiture thermique
1 551 tours de la terre en voiture
5,4 millions d'emails
Source : comparateur carbone
ADEME https://impactco2.fr/outils/comparateur
La généralisation des optiques nouvelles générations, des feux de jours dissociés de l'optique principal, et de l'importance de la signature lumineuse dans la reconnaissance de la marque et du modèle font partie de l'
actualité automobile du moment.
La tendance actuelle en matière de systèmes d'éclairage est faite :
- d'optiques et de feux de plus en plus technologiques et vulnérables
- la généralisation des bandeaux lumineux avant et arrière
- la généralisation des feux diurnes dissociés des optiques :
- la généralisation des logos et sigles lumineux
- des optiques et bandeaux interactifs
Ces tendances actuelles ne pourront qu'augmenter l'impact des pièces d'éclairage dans le coût et l'empreinte carbone des réparations.
Source : organisme professionnel SRA (Sécurité et réparation automobiles) créé en 1977. Toutes les entreprises d'assurances automobiles sont adhérentes.