La conduite à vitesse constante devient un acte de automatique source de déconcentration
Une enquête menée par L'argus en collaboration avec le Centre Médical Veille Sommeil à Paris et l'émission de télévision Direct
Auto met en évidence que
la vitesse constante pourrait avoir une incidence sur la somnolence au volant en rendant la conduite automatique.
Un reporter, équipé d'un appareil de surveillance qui mesure et enregistre l'activité cérébrale, les mouvements oculaires et le tonus musculaire, a parcouru 830 km entre Saarbruck et Berlin par l'autoroute en respectant le code de la route et les préconisations de temps de pause.
La vitesse étant libre sur certains tronçons d'autoroutes allemandes, le conducteur a pu moduler sa vitesse jusqu'à des niveaux élevés sur certaines portions d'autoroutes.
Dans les conditions de l'expérience, il était plus facile de savoir si la vitesse constante avait un impact sur la somnolence au volant.
Durant cette expérience, le reporter témoigne qu'il n'a pas ressenti de fatigue particulière mais une grande concentration. Et surtout une très grande liberté de pouvoir conduire sans être obligé de surveiller systématiquement son compteur de vitesse et adapter en toute intelligence sa vitesse aux conditions de circulation.
Les relevés de cette expérience font apparaître qu'
il pourrait exister une relation entre vitesse constante et somnolence. Le docteur Annie-Laure Frenkel, neurophysiologiste au Centre Médical Veille Sommeil à Paris a décrypté les résultats des enregistrements effectués sur le conducteur pendant les 830 km parcourus. Il souligne deux facteurs de risque :
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« Rouler à une vitesse constante transforme la conduite en acte automatique ». La somnolence, qui découle de la fatigue du conducteur,
peut également résulter de la monotonie du paysage et du défilement de la route à la même vitesse. Ces facteurs installent le conducteur dans une routine propice à la
déconcentration.
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« Lorsque vous conduisez vite, vous mobilisez toute votre attention pour être parfaitement vigilant. Est-ce qu'ensuite, après ces vitesses élevées, vous avez des phases de somnolence, j'aurais tendance à répondre oui ». Les enregistrements de données ne permettent pas d'affirmations catégoriques en la matière. Seule une tendance semble se dégager. Mais après une phase de vigilance soutenue à vitesse élevée, le risque de somnolence redeviendrait plus important une fois la pression retombée.
La prudence est donc de mise. Adapter son allure, en respectant le code de la route, peut être une piste pour éviter la somnolence au volant sur autoroute. Alterner de l'autoroute avec des portions de routes nationales peut constituer une piste à creuser sur certains trajets routiers pour limiter la monotonie.
La somnolence au volant est responsable d'un accident sur trois, devant l'alcool (un sur six) et la vitesse (un sur dix), c'est
le premier facteur d'accident et de mortalité sur autoroute.Le risque d'avoir un accident en cas de somnolence au volant est huit fois plus important qu'en temps normal.
Source: L'argus du jeudi 23 juin 2011