Suite à une
expérimentation non concluante de la circulation interfile des deux-roues ou trois-roues motorisés sur certaines routes de 11 départements français (Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne, Val-d'Oise, Rhône, Gironde, Bouches-du-Rhône) menée ces cinq dernières années, celle-ci est à nouveau
interdite sur tout le territoire.
Seules certaines voies de ces départements étaient concernées : il s'agit d'autoroutes et routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotées d'au moins deux voies chacune, où la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, entre les files de véhicules situées sur les deux voies, ayant le même sens de circulation, les plus à gauche d'une chaussée.
L'expérimentation a concerné
au total 3 000 kilomètres de routes.
La circulation interfile est restée interdite en dehors de ces zones expérimentales.
Dans les embouteillages,
la circulation des deux-roues ou trois-roues motorisés entre les files est une pratique courante mais interdite.
Il est indéniable qu'elle permet aux conducteurs de deux-roues ou trois-roues motorisés de raccourcir leur temps de trajet, ce qui représente l'un des attraits majeurs de ce mode de transport.
Il est tout aussi indéniable que le
nombre de victimes parmi les conducteurs de deux-roues ou trois-roues motorisés est très élevé.
Le bilan de l'accidentalité établi par le CEREMA (le Centre d'études et d'expertises sur les risques, l'
environnement, la mobilité et l'aménagement), en charge de l'évaluation de l'expérimentation de la circulation inter-files,
montre que l'accidentalité des deux-roues motorisés a augmenté de 12% sur les routes où l'expérimentation a eu lieu alors qu'elle a baissé de 10% sur les autres routes des départements concernés. Cette hausse s'est stabilisée au fil des années.
Au total, 16 accidents mortels ont été recensés pendant la période d'expérimentation sur les routes concernées et aucun deux-roues motorisé impliqué ne respectait les règles de l'expérimentation.
Les conclusions du rapport du CEREMA ne permettent pas de pouvoir intégrer aujourd'hui la circulation inter-file dans le Code de la route.
En France, la circulation interfile des deux-roues ou trois-roues motorisés n'étant pas inscrite dans le code de la route, la circulation interfile des deux-roues ou trois-roues motorisés est régulièrement verbalisée, en dehors des zones où elle a fait l'objet d'une expérimentation de cinq ans depuis 2016.
La répression peut se révéler sévère, avec trois contraventions sanctionnant trois infractions : dépassement par la droite, non-respect des distances de sécurité et changement de voie non motivé par un changement de direction.
Pour la
Déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Marie Gautier-Melleray :
« L'objectif de cette expérimentation était de diminuer l'accidentalité des deux-roues motorisés en encadrant la pratique de la circulation inter-files dans les départements concernés. Or, le résultat n'est pas à la hauteur de nos espérances puisque le ratio d'accidents sur les réseaux CIF par rapport aux autres réseaux a significativement augmenté dans 1 zone et est en légère hausse ailleurs. Une nouvelle expérimentation, avec des règles adaptées, pourrait donc être envisagée afin de pérenniser cette pratique en toute sécurité. »Les usagers de deux-roues motorisés
représentent 23,1 % des décès sur la route avec 615 motocyclistes et 134 cyclomotoristes tués en 2019 alors que leur part dans le trafic routier est de 2 %.
A kilométrage parcouru identique, le risque de perdre la vie pour un conducteur de deux-roues motorisés est
22 fois plus élevé que pour les usagers de véhicules légers.