Les routes des grandes villes françaises moins sûres que leurs homologues espagnoles ou anglaises
Dekra, expert mondial de la
sécurité automobile, publie son
rapport européen de sécurité routière, consacré cette année aux villes.
Ce rapport détaillé s'appuie sur les
sources officielles des ministères des transports et des statistiques collectées par son unité de recherche en sécurité routière.
Une carte interactive présente les 572 villes européennes de plus de 50 000 habitants, qui ont atteint le
« zéro mort » sur leurs routes, entre 2009 et 2012, soit près d'une ville sur deux.
A travers cet outil visuel, Dekra montre que les grandes échéances fixées par Bruxelles, en matière de sécurité routière, pour tendre d'ici 2050 vers le « zéro mort », sont loin d'être inatteignables.
Le rapport Dekra de sécurité routière 2014 montre néanmoins que
du chemin reste encore à parcourir en France pour réussir à tendre vers le « zéro victime » sur les routes d'ici 2050...En France, 5 villes de plus de 100 000 habitants sur 39 (soit 13% des villes de plus de 100 000 habitants) ont atteint l'objectif « zéro victime » sur les routes, au moins une année, contre 34 en Grande-Bretagne: Brest, deux ans et Villeurbanne, Boulogne-Billancourt, Tours et Mulhouse, pendant un an.
Les
routes des grandes villes françaises apparaissent moins sûres que leurs homologues espagnoles ou anglaises.
En France, 46% des villes de plus de 50 000 habitants (soit 53 villes sur 114) sont parvenues à n'avoir aucun accident mortel sur leurs routes, au moins une année entre 2009 et 2012. 4 villes, Evry, Sartrouville, Sevran et Fontenay-sous-Bois, sont parvenues à tenir l'objectif sur trois ans.
D'autres villes européennes font mieux. En
Allemagne, 21% des villes de plus 100 000 habitants ont atteint l'objectif au moins une année. Le score monte à 43% en
Espagne, 47% en
Grande-Bretagne et à 52% aux
Pays-Bas. En Espagne, 5 villes de plus de 100 000 habitants ont atteint l'objectif « zéro victime » sur les routes sur 4 années consécutives.
D'autres font aussi moins bien. En
Italie, seules deux villes de plus de 100 000 habitants ont atteint l'objectif « zéro victime » sur les routes sur cette période, soit 4% d'entre elles. En
Pologne, trois uniquement, soit 8%. La
Grèce et la
Hongrie n'en comptent aucune.
« Ce constat ne signifie pas pour autant que la sécurité routière ne soit pas une priorité française. La France, dont seulement 22% de la population se trouve dans les villes de plus de 50 000 habitants, contre par exemple 54% en Grande-Bretagne, a dirigé ses efforts sur son vaste réseau autoroutier, dont le niveau de sécurité est aujourd'hui 5 fois supérieur au reste du réseau (1) », commente
Geoffrey Michalak, Directeur Technique et Qualité de Dekra Automotive (1 - Source: ASFA, Sécurité sur autoroutes, accidents mortels, Juillet 2013).
L'amélioration de la sécurité routière en zone urbaine est un enjeu important : c'est dans les villes françaises, en effet, que se concentrent
52 % environ des accidents corporels et 28% des accidents mortels.
Dans la mesure où les populations des villes sont appelées à croître de façon exponentielle, pour représenter, selon les prévisions, 75% de l'effectif mondial d'ici 2050, il est temps de réfléchir dès maintenant, à des mesures de sécurité routière pérennes en zone urbaine.
Trois axes d'amélioration sont étudiés par Dekra :
les infrastructures routières, les véhicules et les comportements.
Sur la base de leurs activités mondiales d'expertises et d'homologation des véhicules, les experts Dekra font part, dans le rapport, de plusieurs champs d'actions, pour améliorer la sécurité des usagers de la route dans les villes.
En milieu urbain, l'infrastructure contribue dans une large mesure à la sécurité routière. Des mesures peuvent être prises, par les municipalités, pour faciliter
la visibilité entre usagers de la route et améliorer la signalisation des situations de circulation complexes. Plus de 25% des morts sur la route en zone urbaine sont des
piétons, traversant la chaussée. Dans 87% des cas, l'impact intervient face au véhicule. L'installation de
passages piétons en biais est une piste intéressante pour permettre au piéton de mieux voir les véhicules et d'être vu. D'autres mesures sont incontournables : l'optimisation des
pistes cyclables dans les zones urbaines et l'
adaptation de l'éclairage des routes aux avancées techniques.
Le
développement et la généralisation des systèmes électroniques d'aide à la conduite au sein du parc
automobile présentent, également, un potentiel élevé en termes de réduction du nombre d'accidents, en palliant l'inattention ou les erreurs de comportement. L'assistant d'angle mort, de changement de voie et de sortie de stationnement qui détectent le trafic transversal, en sont quelques exemples. Ces systèmes actifs d'assistance à la conduite sont autant d'alliés pour le conducteur, dont l'attention en ville est facilement perturbée. L'efficacité de ces dispositifs est dépendante du taux d'équipement des véhicules en circulation. Dekra propose la généralisation de ces dispositifs sur tous les véhicules vendus neufs.
Le dernier champ d'action concerne le
comportement des usagers de la route.
Nicolas Bouvier, Directeur Général de Dekra Automotive et Président du réseau Dekra explique la nécessité d'une cohabitation basée sur l'empathie.
« En effet, un nombre trop élevé d'accidents entraînant des dommages corporels et matériels sont causés par une perception insuffisante des risques. Nos experts relèvent fréquemment un déficit de connaissance des règles du code de la route, voire un manque d'acceptation, ainsi que l'incapacité à se mettre à la place d'autres usagers de la route, que ce soit le conducteur d'un véhicule dans la peau d'un cycliste ou inversement ». L'
inattention est bien souvent au cœur des facteurs d'accidents de la route. C'est la raison pour laquelle
l'ensemble des usagers, et pas seulement l'automobiliste, doivent être en pleine possession de leurs moyens, quand ils sont sur la route.
L'utilisation d'écouteurs, l'usage du téléphone, la manipulation du GPS sont autant de facteurs de risque d'inattention. Les résultats d'une étude comparant l'impact du téléphone par rapport à la radio sur l'attention, a montré que l'utilisation du premier multipliait par plus de deux le risque d'inattention en situation de double tâche, tandis que l'écoute de la radio influait légèrement (2).
(2 - Source: Etude sur les tâches uniques et les doubles tâches de Strayer et Johnston, 2010).
Source: Dekra Automobile