Les récentes
annonces du Président des Etats-Unis Donald Trump dans divers domaines (droits de douane, guerre en Ukraine, OTAN, Groenland, Canada), après deux mois de présidence, ont altéré la « marque Américaine » aux yeux des Français comme pays d'origine de tout un ensemble de produits ou services du quotidien.
Réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1 000 Français, l'étude du site d'information touristique sur New-York (NYC.fr) commandée à l'Ifop, tend à montrer que le boycott actuel de la « marque Américaine » ne serait pas qu'une réaction émotionnelle passagère, notamment pour les produits facilement remplaçables ou marqués politiquement comme les marques du groupe d'Elon Musk (Tesla, X).
L'enquête montre une
dégradation historique de l'image des Etats-Unis auprès des Français et leur soutien large au mouvement de boycott des marques américaines à l'heure où le hashtag #BoycottUSA fleurit sur les réseaux sociaux.
Tous les secteurs américains sont potentiellement touchés par le boycott de la « marque Américaine » mais les plus menacés sont ceux les plus facilement substituables par des alternatives non américaines.
L'intensité du
boycott potentiel dépend principalement de deux facteurs : la visibilité américaine de la marque et l'existence d'alternatives crédibles. Les secteurs les plus menacés (61% pour l'
automobile, 55% pour les sodas, 53% pour les chaussures de sport, 52% pour les vêtements) partagent ces deux
caractéristiques : une identification claire aux Etats-Unis d'Amérique (USA) et l'existence d'alternatives européennes ou asiatiques.
À l'inverse, les secteurs où les alternatives sont plus limitées, comme les logiciels professionnels (44%) ou les réseaux sociaux (41%), présentent des taux d'intention de boycott plus modérés.
Cette logique explique pourquoi
les marques automobiles américaines figurent en bonne place dans le Top 20 des marques les plus menacées :
Tesla (47%), Jeep (41%) et Ford (37%) sont facilement substituables par des alternatives européennes ou asiatiques.
De même, les marques de vêtements (Calvin Klein, Tommy Hilfiger, Ralph Lauren, Gap) et chaussures (Timberland) font face à un risque élevé de boycott en raison d'un marché hautement concurrentiel.
En revanche, les Français sont beaucoup moins motivés à l'idée d'abandonner leurs habitudes avec les géants américains des technologies et du numérique (smartphone, streaming ou réseaux sociaux) auxquels ils sont souvent très dépendants.
L'empire Musk est en première ligne du boycott antiaméricain. L'analyse des marques les plus menacées de boycott place l'empire entrepreneurial d'Elon Musk comme la principale cible du mouvement #BoycottUSA : Tesla arrive en tête du classement (47%), suivie par Twitter/X en troisième position (40%).
Les marques d'Elon Musk payent les sorties médiatique d'un patron connu pour son soutien explicite à Donald Trump, ses prises de position controversées sur les réseaux sociaux et son soutien ouvert aux mouvements d'extrême droite en Europe. Son salut « nazi » lors de l'investiture de Donald Trump et son engagement à la tête du Département de l'efficacité gouvernementale (Doge), ont contribué à un effondrement de son image de marque dans l'opinion française. Ces données vont dans le sens de la chute des ventes de
voitures Tesla (45% en Europe en janvier 2025 par rapport à janvier 2024) dans un marché des
voitures électriques pourtant à la hausse. A noter, cependant, que le restylage du Model Y peut à lui seul expliquer une chute brutale des immatriculations...suivie d'un rebond futur lors du démarrage des livraisons du nouveau modèle.
L'analyse sociodémographique des boycotteurs potentiels des
voitures Tesla révèle une surreprésentation massive des seniors (70% des 65 ans et plus) et des diplômés du supérieur (55%), tandis que X/Twitter mobilise davantage les écologistes (63%) et les diplômés (49% chez les titulaires d'un premier cycle universitaire). Cette structure sociodémographique du boycott anti-Musk présente un risque majeur pour les deux entreprises, puisqu'elle touche précisément leur cœur de cible : les catégories aisées, éduquées et technophiles pour Tesla, et les leaders d'opinion et créateurs de contenu pour X/Twitter.
L'étude montre l'ampleur du rejet du modèle alimentaire américain en France. Parmi les secteurs les plus menacés par le boycott figurent les sodas et boissons sucrées (55%), les chaînes de restauration rapide (52%) et les snacks américains (52%). Cette tendance se traduit concrètement dans le TOP 20 des marques les plus menacées par ce mouvement, où figurent Coca-Cola ainsi que de nombreuses enseignes de restauration rapide : Five Guys (38%), Pizza Hut (37%), Subway (36%), KFC (35%), Starbucks (35%) et Domino's Pizza (34%).
Sur le plan politique, le boycott des fast-foods mobilise beaucoup les électorats écologistes et de gauche, pour qui cette démarche combine aussi préoccupations environnementales et critique d'une alimentation industrielle.
François Kraus, Directeur du Pôle Politique & Actualités de l'Ifop commente:
" Cette enquête met en lumière un phénomène sans précédent dans l'histoire des relations franco-américaines : l'émergence d'un mouvement de boycott large avec des ressorts sociologiques inédits : une base de soutien qui transcende les clivages politiques, une diversité de motivations et une mobilisation forte des seniors et des catégories aisées. Cette dimension générationnelle du boycott constitue d'ailleurs sa caractéristique la plus préoccupante pour les marques américaines. Car contrairement aux mouvements de boycott traditionnels, souvent portés par des jeunes mais limités dans le temps, celui-ci mobilise massivement les seniors et les catégories socioprofessionnelles supérieures, à l'impact financier plus fort. Or, cette structuration générationnelle, conjuguée à l'ampleur du soutien dans l'opinion publique, laisse présager que ce mouvement ne sera pas qu'un feu de paille dans le paysage de la consommation française, notamment pour les produits associés à l'administration Trump ou facilement remplaçables."Source: Étude du site d'information touristique sur New-York (NYC.fr) réalisée par l'Ifop
Méthodologie: Étude réalisée par questionnaire
auto-administré en ligne du 14 au 17 mars 2025 auprès d'un échantillon national représentatif de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus ».