Le Règlement UE 2023/1542, adopté en 2023, vise à instaurer une chaîne de valeur sûre, durable et éthique pour les batteries de traction, en mettant l'accent sur des enjeux tels que l'empreinte carbone, la santé publique, la sécurité technique et l'approche circulaire. Il définit des notions clés comme le réemploi, le remanufacturage, la réaffectation et le recyclage des batteries et de leurs composants. Cependant, la notion de
réparabilité des batteries n'a pas de définition explicite, ce qui laisse un
espace d'interprétation, notamment sur la limite entre la réparation et le remanufacturage des batteries haute tension.
La réaffectation des batteries pour des usages de seconde vie, comme le stockage stationnaire d'énergie, peut présenter des avantages économiques et environnementaux pour la société. Cependant, le passage vers la seconde vie est confronté à des défis économiques tels que les coûts de diagnostic et de transition. A cet égard, la réparabilité des batteries faciliterait l'accès à ses composants et réduirait le
coût de leur réemploi ou leur passage en seconde vie.
Outre la
chimie des cellules, la conception du pack de la batterie est un autre critère essentiel.
Il existe
deux catégories de batteries :
- Les
batteries non dissociables : le bloc batterie est constitué de modules non dissociables du caisson et non démontables. Ces batteries, dont les composants sont soudés, sont considérées comme économiquement irréparables par l'assureur compte tenu du coût de remplacement intégral de la batterie. Ces batteries non dissociables limitent les possibilités de réparation et de réutilisation, pouvant ainsi compromettre le développement de la filière de la seconde vie. A noter que le fait de remplacer intégralement la batterie augmente cependant le taux de disponibilité des matériaux recyclés et que les contraintes d'incorporation de matières recyclées sont également moins importantes pour ce type de batterie.
- Les
batteries dissociables (ou modulaires) : le bloc batterie est constitué de modules dissociables et démontables. Ce concept permet de « standardiser » le pack de batteries et d'intervenir en cas de besoin pour remplacer uniquement les éléments nécessaires. Les constructeurs qui ont fait ce choix ont également déployé des sites permettant d'effectuer ces réparations. Dans la majorité des cas, il s'agit de remplacer les modules qui composent cette batterie, le caisson ou le système de gestion de batterie. Le coût de production des batteries dissociables est bien plus élevé que celui des batteries non dissociables, car elles nécessitent une conception plus complexe pour faciliter le démontage. Le coût d'intervention en cas de sinistre, tout comme le coût environnemental, sont bien moins importants puisqu'on ne remplace que les éléments défectueux et non la batterie complète.
Face à la concurrence sur les
prix sur le marché de l'électro-mobilité et aux exigences de
performances accrues du marché de la
voiture électrique, les constructeurs de
véhicules électriques adoptent des stratégies différentes en matière de conception de batteries.
Certains choisissent de réduire les coûts en optant pour des batteries non dissociables, tandis que d'autres préfèrent investir dans des batteries réparables dès la conception.
La première approche permet de proposer des véhicules électriques plus accessibles financièrement à court terme, l'option réparable présente des avantages significatifs en termes de durabilité et de maintenance, en facilitant la réparation et le remplacement de composants défectueux. Cette stratégie contribue également à une meilleure gestion du cycle de vie des batteries et à une réduction des déchets. À noter que l'utilisation de batteries non réparables peut entraîner des défis supplémentaires pour les constructeurs, notamment en cas de défaut de fabrication, où la réparation du
véhicule électrique devient plus complexe (et donc plus coûteuse).
Source : « Vies de la batterie du véhicule électrique » de L'Avere-France, l'association nationale pour le développement de la mobilité électrique, le Club Stockage d'énergies de l'ATEE, l'Association Technique Energie
Environnement, et Wavestone