Le
smartphone est le seul dispositif qui
cumule les quatre sources de distraction qui peuvent détourner l'attention d'un conducteur :
- auditive (l'attention est détournée par ce que l'on entend),
- visuelle (l'attention est détournée par ce que l'on voit),
- physique (l'attention est détournée par ce que l'on fait),
- cognitive (l'attention est détournée par des pensées).
Selon la Sécurité
Routière,
écrire un message en conduisant multiplie le risque d'accident par 23. Cela
oblige le conducteur à détourner les yeux de la route pendant en moyenne 5 secondes.
« 3 Questions à
»
au
Docteur Sophie Fégueux, conseillère technique Santé auprès du Délégué interministériel à la sécurité routière.
1/ La conduite est désignée comme étant l'une des activités humaines les plus complexes, pourquoi ?La conduite d'un véhicule nécessite la mobilisation des capacités de perception, d'analyse et d'exécution, le tout dans un temps très court, parfois en quelques centièmes de seconde. Il y a selon les spécialistes quatre étapes incontournables pour conduire : la perception, le traitement des informations, la décision, l'exécution.
En conduisant, on fait intervenir l'ensemble des fonctions sensorielles (vue, ouïe), sensitives (perception du mouvement et de la vitesse) et intellectuelles (analyse et décision). Autrement dit, ce que l'on voit, ce que l'on entend et ce que l'on perçoit, de surcroît en mouvement, est analysé par notre cerveau. Il va ensuite faire exécuter par notre corps les gestes de conduite en fonction de la situation et de l'
environnement. Tout ce processus est très rapide, représente une grande dépense d'énergie et requiert 100 % de notre attention.
2/ Que se passe-t-il dans notre cerveau quand on « textote » au volant ?Quand on « textote », ou même quand on manipule un écran en conduisant, la chaîne des 4 étapes - percevoir, traiter, décider, exécuter - est ralentie. Chaque fois qu'il y a interférence dans cet enchaînement, on perd en temps de réaction et on augmente le risque d'accident.
Au volant ce n'est pas comme dans la vie de tous les jours, quand on fait machinalement plusieurs choses en même temps. En position de conduite, la brièveté du temps de réaction et l'afflux d'informations souvent imprévisibles font toute la différence ! Et si jamais s'ajoute une charge émotionnelle, comme par exemple à l'annonce d'une mauvaise nouvelle, alors la perturbation est encore plus forte, tout comme le risque d'accident.
3/ Quels conseils donneriez-vous pour rester concentré sur sa conduite ?C'est un article du code de la route (R 412-6-II) qui rappelle l'obligation pour « tout conducteur [de] se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent... ».
Une personne au volant doit réserver l'essentiel de son attention à la tâche de conduite et ne jamais quitter la route des yeux.
Il faut être dans un état de vigilance suffisant (pas de déficit de sommeil), être bien installé, en position de bien entendre et de bien voir et ne jamais manipuler un écran ou des outils de navigation pendant la conduite.
Il faut également éviter de téléphoner et de maintenir une conversation téléphonique en conduisant, s'organiser sur les appels téléphoniques et éviter les appels entrants : utiliser le répondeur, prévenir l'entourage, convenir d'un créneau horaire pour un appel dans le cadre professionnel.
Source: Sécurité Routière