La généralisation des smartphones et la mollesse des sanctions mises en place par les pouvoirs publics jusqu'à ces dernières années ont entraîné une
explosion de l'usage du téléphone sur la route.
Tenu à la main en conduisant, dans les bouchons, en GPS ou en mains-libres, le smartphone est devenu, pour la plupart des
conducteurs français, un outil indispensable lors de leurs déplacements.
La part des conducteurs qui utilisent leur smartphone au volant ne cesse d'augmenter chaque année.
Malgré un durcissement récent de la loi, les conducteurs français ont du mal à abandonner leurs mauvaises habitudes.
Selon les résultats du troisième baromètre « Usages du Smartphone au Volant » de l'Ifsttar (Institut Français des Sciences & Technologies, des Transports, de l'Aménagement et des Réseaux) de 2019,
49% des conducteurs français utiliserait le téléphone portable en conduisant en 2019 (39% en 2016, 43% en 2017 et 46% en 2018) : plus 10 points depuis 2016.
L'application de Loi d'Orientation des Mobilités (LOM), votée le 19 novembre 2019, devrait permettre une suspension ou rétention du permis de conduire pour les conducteurs commettant une infraction en ayant leur téléphone en main.
L'usage du téléphone au volant est
très lié à l'âge (60% des moins de 45 ans et jusqu'à 65% des 25-34 ans) et
aux kilomètres parcourus (60% de ceux qui font plus de 15 000 km/an).
Le baromètre met également en avant une
multiplication des usages les plus complexes en 2019.
Les conversations (43% des conducteurs) ne sont plus l'usage principal du téléphone au volant : 48% des conducteurs l'utilisent pour d'autres raisons. 37% des conducteurs ont
reçu ou envoyé des messages, dont 36% des SMS, 23% des messages instantanés, 19% des emails. 1 conducteur sur 5
surfe sur le net derrière son volant et 36%
utilisent ce terminal comme GPS.
66% des conducteurs qui ont reçu des messages en 2019 ont reçu des
messages complexes, c'est-à-dire qui combinent du texte et des
photos ou des
vidéos, 55% en ont envoyé et 48% ont échangé des messages en groupe.
Le téléphone est de plus en plus utilisé en
mains-libres : 95% des conducteurs qui utilisent le téléphone au volant ont utilisé au moins occasionnellement une forme de mains-libres.
Les kits mains-libres intégrés sont sous-utilisés. Seuls 65% des conducteurs qui téléphonent les utilisent au moins occasionnellement, et 46% le font fréquemment.
Le téléphone est bien plus souvent
posé sur un support pour les plus jeunes (84% des 18-24 ans) et ceux qui conduisent moins (66% des de ceux qui font moins de 10 000 km/an).
A l'inverse, l'usage du kit mains-libres intégré augmente avec l'âge, car les conducteurs sont mieux équipés, et avec les kilomètres (77% de ceux qui font plus de 15 000 km/an).
Près de la moitié des conducteurs (47%) avouent avoir fait tomber leur téléphone en conduisant au moins une fois dans l'année. Un résultat qui témoigne également de l'inadaptation de certains
équipements téléphoniques avec la conduite. Sans surprise, 70% des 18-24 ans, généralement moins bien équipés en kits intégrés, ont fait chuter leur smartphone au volant en 2019.
1 conducteur sur 4 (dont 46% des 18-24 ans) avoue s'être déjà fait peur en utilisant son smartphone au volant de sa
voiture. Les moins de 45 ans, les grands rouleurs et les professionnels sont les plus touchés par la peur au volant... à cause de son smartphone.
Si le téléphone au volant est jugé utile par l'ensemble des conducteurs, ses côtés envahissant et distracteur pour la conduite sont également mis en exergue.
Le téléphone est avant tout utile comme outil d'
aide au déplacement et se substitue progressivement à la radio pour l'écoute de la musique.
Les conducteurs reconnaissent prendre un risque très important et faire des erreurs de conduite lorsqu'ils lisent ou envoient un message au volant.
Marie-Pierre Bruyas, chercheur à l'IFSTTAR, décrypte
« Le nombre de conducteurs qui utilisent leur téléphone au volant augmente d'année en année, pour des usages de plus en plus complexes. Cette tendance est très préoccupante au vu de la dangerosité de certains comportements. En effet, toute manipulation qui implique de longs détournements du regard augmente fortement le risque d'accident. On peut regretter que les commandes vocales et les dispositifs mains-libres restent encore sous-utilisés, car ils permettent de limiter les comportements les plus dangereux. A cet égard, faire tomber son téléphone en conduisant ou bien se faire peur en l'utilisant sont très liés au type de dispositif utilisé. En effet, ceux qui se font le plus peur au volant sont ceux qui utilisent les fonctions les plus complexes de leur téléphone et les plus jeunes qui ont souvent un matériel peu adapté à la conduite ».Méthodologie : Etude réalisée du 20 juin au 14 juillet 2019 par l'IFSTTAR sur les usages du smartphone au volant sur un échantillon représentatif de la population française de 2525 personnes âgées entre 18 et 65 ans (grâce au financement de la Fondation MAIF).
Source : Etude IFSTTAR